Arland, le Petit Poucet de la pulvérisation qui se frotte aux géants
Le jeune constructeur breton fête ses 30 ans en lançant une salve de nouveautés, dont son premier automoteur, le GR, symbole de sa volonté de rivaliser sans rougir avec les poids lourds du secteur.
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À deux pas de la forêt de Brocéliande, au pays des fées, c’est une histoire qui sonne comme un conte. Les aventures d’Arland, jeune entreprise intrépide, qui se lance depuis sa Bretagne natale à la conquête de multinationales géantes. Avec un certain panache : le fabricant de pulvérisateurs, dont le nom signifie « proche de la terre » en breton, fête ses 30 ans (31 ans précisément) en lançant son premier automoteur.
Il était donc une fois un agriculteur débrouillard du Morbihan, Michel Jan qui, au lieu d’acheter un pulvérisateur, des engins qu’il connaissait bien pour en contrôler régulièrement, décide de s’en fabriquer un. Nous sommes en 1994. Il s’attelle au châssis, à la rampe en acier, soude le tout, se fournit en Italie pour les composants. Une machine de 1 500 litres et 24 mètres voit le jour. Du solide : elle tourne encore.
Un voisin de Michel Jan, séduit, passe commande. Puis un autre, et encore un… L’activité saisonnière pour occuper les mois d’hiver prend de l’ampleur. L’agri-mécano loue des bâtiments à la communauté de communes à Ménéac. C’est une pépinière d’entreprises, pas vraiment adaptée au machinisme. Le quotidien est épique : les locaux n’ont pas de pont roulant, les rampes sont montées sur le parking…
Plus à l’aise avec un fer à souder que pour élaborer une campagne marketing, Michel Jan revend Arland et passe le relais à Jean-Guy Cocaign en 2010. À la tête du fabricant de cabines Buisard, installé dans la Sarthe, le nouveau patron est à la recherche d’activités pour se diversifier. En 2014 débarque un nouveau personnage clé, Landry Jaglin, passé chez Blanchard avant son rachat par Kuhn puis par le fabricant d’épandeurs et de bennes Sodimac.
Il entre comme directeur des opérations. Il est aujourd’hui directeur général. Depuis son arrivée, Arland est passé de 2 à 12,6 millions d’euros de chiffre d’affaires, de 50 à 220 machines par an et de 12 à 45 salariés. « Il a fallu se structurer. Nous n’allions pas au-delà du Centre-Ouest. Nous avons élargi notre marché », confie-t-il.
Arland vend aujourd’hui à 95 % en France, le reste en Espagne et en Belgique. « L’étranger, on sait qu’on doit y aller mais il faut être prêt, analyse Landry Jaglin. Il faut faire attention aux délais. Nous sommes montés à un an avant de redescendre à six mois ».
2019 marque un tournant. Arland s’émancipe de Buisard, avec deux actionnaires aux manettes, Landry Jaglin et Jean-Guy Cocaign. C’est aussi l’heure du grand déménagement à Ploërmel, dans une usine toute neuve dotée, enfin, d’un pont roulant et d’un autre luxe : de la place. Après une extension en 2022, les bâtiments s’étendent sur 3 200 m².
« Nous étions une petite équipe, tout le monde habitait dans le coin, raconte Landry Jaglin. L’idée, c’était que tout le monde reste ». Tout le monde est resté. Chaque entreprise aime à se définir comme une famille. Chez Arland, ça sonne vrai. Pour la fête d’anniversaire, les proches sont invités. Et le service est assuré avec entrain par les enfants des salariés. « On n’avait plus de budget », plaisante le directeur général.
Ce sens de la fidélité se retrouve aussi dans les relations fortes nouées avec des fournisseurs. « Pour faire un bon pulvé, il faut des bons partenaires », aime à rappeler Jean-Guy Cocaign. Par exemple, la référence de la rampe alu, le sarthois Pommier, est liée à Arland depuis 2010. « Ils faisaient un pulvérisateur hybride. Ils nous ont revendu les plans. Depuis, on a tissé des liens étroits et de confiance », se réjouit Landry Jaglin.
Pour soutenir une croissance annuelle de 20 %, Arland lance une ribambelle de nouveautés, ce qui explique au passage les 30 ans célébrés avec un an de retard. « Il fallait que cela vaille le coup », avance le directeur général.
Le pulvérisateur traîné XR remplace l’Expert XL. Sa cuve affiche 5 500 l, les rampes se déploient de 24 à 38 m. Suspension, brassage, circuit, modulation de dose… Si la machine se dote de toutes les dernières évolutions, un soin tout particulier a été apporté à l’esthétique. Un cabinet de design a été sollicité. La ligne, avec une cuve mieux carénée et protégée, figure l’Arland de demain.
« Des clients qui achètent la même machine depuis 10 ans avaient besoin de renouveau. Sinon, on risquait de les perdre », assure Landry Jaglin. 10 XR seront lancés en pré-série, pour une livraison prévue en 2026, avec un prix avoisinant les 100 000 €, à moduler selon les options.
L’autre évènement d’Arland, c’est son premier automoteur, le GR. Un nom qui évoque le partenaire italien de cette machine, Grim, et le nom de code du projet, Grappa, l’eau de vie transalpine ayant servie à sceller cette union. Fondé en 2006, Grim revendique 60 % du marché des automoteurs dans la Grande Botte.
Avec sa cuve de 3 500 l et sa rampe de 24 à 30 m, Arland vise un créneau où il estime avoir sa carte à jouer. « Les concessionnaires ont ce qu’il faut sur les plus grosses machines », constate Landry Jaglin. Les premiers GR seront disponibles au premier trimestre 2026, à un tarif tournant autour de 260 000 €.
Pour l’année prochaine, Arland annonce aussi un système de gestion électronique du cadre pour un pilotage immédiat via l’actionnement de vérins, qui sera décliné sur toute la gamme. « Le suivi de sol, c’est devenu crucial. Face à la puissance de nos concurrents, on ne peut pas se permettre de rater une évolution », explique Vincent L’Haridon, le responsable technique d’Arland.
Le constructeur breton vise les 30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2030 sans renier ses fondamentaux, le SAV en tête. Les clients peuvent appeler directement à l’usine. « Pas besoin d’appuyer sur 1 puis 4 puis dièse pour avoir une réponse. Et après 18 heures, on tombe sur moi », sourit Landry Jaglin.
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